PREMIÈRE ANNÉE D’UNIVERSITÉ : DES MYTHES DÉBOULONNÉS
Par Hailey Leggett
« C’est vrai, maintenant », ai-je pensé en regardant la voiture de mes parents s’éloigner. C’était le moment que j’attendais depuis des mois. J’avais travaillé sans relâche pour y arriver. Mon rêve se réalisait. J’avais réussi; pourtant, malgré tout ce qu’on m’avait dit, je brillais par mon ignorance.
L’université propose une suite infinie et absolument remarquable d’essais et erreurs. On essaie, on réussit, on échoue, on réessaie. Nous ne sommes plus à l’école secondaire. Finie l’époque des dynamiques antagonistes et des concours de clichés. L’université est un lieu propice à l’apprentissage et à l’épanouissement. Tout ce que vous pensiez savoir de l’école n’a plus lieu d’être.
La société véhicule depuis longtemps l’idée que nous vivrons à l’université certaines des meilleures années de notre vie, mais sans nous dire qu’il n’y a aucun moyen de nous assurer que ce sera le cas. Notre expérience dépend entièrement de notre capacité à gérer notre horaire de manière équilibrée. À notre première année d’étude, il est important, voire impératif, de sortir de notre coquille et de nous plonger dans la culture universitaire. En adhérant à un club, en nous inscrivant à une activité parascolaire ou en rejoignant un groupe d’étude, nous pouvons rencontrer des gens qui partagent nos intérêts.
Ces quatre prochaines années, vous subirez une pression scolaire énorme. Chose ironique, vous rencontrerez bien des pairs et des membres du personnel administratif qui voudront vous faire croire que pour réussir, vous devrez sacrifier votre vie personnelle. C’est non seulement faux, mais nuisible et problématique. Dans une société bâtie sur le culte du dépassement, il est essentiel, pour réguler le stress et l’anxiété, de trouver un équilibre. Vous devez « avoir une vie » pour maintenir votre bien-être émotionnel et physique.
Vous aviez un bulletin exemplaire à l’école secondaire? Les choses ne sont pas gagnées d’avance à l’université. Ce chapitre de votre vie vous enseignera (plus souvent que vous ne le pensez) à accepter de faire des erreurs et de sortir de votre zone de confort. Pour une raison ou une autre, on nous dit que si nous ne travaillons pas d’arrache-pied maintenant, nous compromettons notre avenir. Nous devrons comprendre par nous-mêmes l’importance de ne jamais laisser une moyenne ou une note d’examen définir notre valeur en tant qu’étudiante ou étudiant et en tant que personne. Chaque personne à l’université a reçu un jour ou l’autre une « mauvaise note ». Vous découvrirez cette année que les notes de B et de C sont tout à fait normales, et qu’elles ne ruineront pas votre vie.
Par rapport à l’école secondaire, les professeures et professeurs à l’université vous sembleront sans doute redoutables, inabordables et sévères. Voici un petit secret de la part d’une étudiante de deuxième année : vos professeures et professeurs aiment discuter et veulent apprendre à vous connaître. En fait, certains membres du corps professoral – sinon la plupart – s’enthousiasment quand on leur pose une question ou on formule un commentaire. Rappelons-nous que ces personnes ont consacré leur carrière à l’étude approfondie de leur sujet; elles veulent donc en parler, surtout quand nous manifestons un intérêt sincère pour la matière.
Certains des cours d’introduction que vous suivrez pourraient avoir une fonction « éliminatoire », mais cela ne signifie pas forcément ce que vous pensez. Plusieurs idées fausses circulent à ce sujet, la plupart portant sur l’attitude des professeures et professeurs et leur propension à faire échouer les gens dans leur classe. Les étudiantes et étudiants croient souvent qu’ils sont ciblés et forcés à échouer, alors qu’on vise à leur enseigner la résilience dans une période de chaos. Un horaire de lectures chargé vous poussera à déterminer vous-même si vous pourrez consentir les efforts nécessaires tout en appréciant la matière. Croyez-le ou non, les professeures et professeurs souhaitent votre réussite. Quand vous demandez de l’aide, vous témoignez de votre force. Le corps professoral et les auxiliaires d’enseignement accorderont leur attention aux étudiantes et étudiants qui veulent faire les efforts nécessaires pour réussir.
L’université vous montrera (presque instantanément) à quel point vous en savez peu sur vous-même et sur le monde; c’est selon moi l’une des plus grandes leçons de vie. Une personne, maintenant à la retraite, qui m’a enseigné à McGill m’a dit un jour : « Si vous essayez un cours et ne l’aimez pas, abandonnez-le. Il est inutile de suivre un cours qui ne vous procure aucun plaisir. À vous de tenir les rênes de votre avenir. »
Peut-être vous a-t-on inculqué l’idée que vous deviez décider de votre trajectoire professionnelle avant l’université, mais rien n’est plus faux. Certaines personnes ont une idée claire de leur avenir, et c’est très bien, mais bien d’autres comme moi se sentent perdues dans ce monde d’infinies possibilités. C’est le moment d’explorer vos intérêts et de déterminer ce qui vous attire le plus. Nombreuses sont les personnes qui commencent leurs études dans un département et obtiennent leur diplôme dans un autre.
Je sais que la première année a quelque chose d’intimidant, voire de terrifiant, qu’on l’admette ou non. Mais souvenez-vous que tout le monde est dans la même position. Il y a des étudiantes et étudiantes pour qui la transition sera plus facile que pour d’autres. Chaque personne s’y ajuste à sa manière, même si parfois rien n’y paraît de l’extérieur. En vérité, sachez qu’on ne vous laissera jamais à vous-même.